Critiques musicales

Au dernier épisode de Tout le monde en parle, une chanteuse "rock" (vous remarquerez les guillements), Andrée Watters, s'est fâchée contre les pirates du net, ces flibustiers qui lui ont fait perdre 200 000 ventes de par leur crime abominable. Mademoiselle Watters est même allée jusqu'à dire que télécharger un mp3 sur le net, c'était comme voler un chandail dans une boutique.

Eh, on se calme les nerfs mademoiselle la rockeuse!

Les 200 000 copies illégalements téléchargés sur internet (un chiffre complètement invérifiable, par ailleurs: elle tient ça d'où, de quelle étude au juste?) ne sont pas des ventes perdues. Ceux qui téléchargent une chanson sur Kazaa ne sont pas, en immense majorité, des acheteurs potentiels. Un enfant de 10 ans (représentatif du public-cible de mademoiselle Watters) qui télécharge le tube "Si exceptionnel" sur le net n'a jamais eu l'intention d'acheter le disque en entier. Si 200 00 mp3 de cette chanson ont été "piratés", doit-on en conclure que tout ces "pirates" aurait été prêt à déboursé les 20$ que coûte le CD en entier? Absolument pas! Je crois, au contraire, que ces centaines de milliers de téléchargments dit "illégaux" ont contribué aux 50 000 copies vendues de l'artiste.

Un jeune qui écoute 50 fois la même chanson (téléchargée sur le net) dans une journée a pas mal plus le goût de découvrir le reste de l'album en l'achetant que celui qui a entendu la toune une ou deux fois à la radio.

Quelle meilleure façon de se faire découvrir que d'être reconnu sur le web? Thursday, un groupe Emo réputé dans le milieu, a lancé, lors du derniers Vans Warped Tour: "Share our songs! Make the world discover our music!" Thursday sont-ils masochistes? Ou ont-ils simplement compris que quelqu'un qui les a découvert sur le net risque fortement de se procurer un ou deux albums et d'acheter un billet à 35$ pour les voir en show?

Internet, c'est la réponse aux majors. Un gros "Fuck You" dans la face des disquaires mainstreams qui sont les vrais perdants dans l'affaire. Un groupe bourré de talent mais qui fait dans la musique alternative n'a aucune chance de remplir une salle de spectacle ou de vendre 50 000 disques (ou 5 millions aux States) si il n'a pas une certaine visibilité. Cette visibilité, elle se situe à deux endroits: à la radio, et sur le net.

Étant donné que la radio ne passe que les tounes de 20 artistes (c'est particulièrement vrai au Québec) populaires, il ne reste aux groupes undergrounds que le web pour se faire découvrir.

Alors, des pirates, les utilisateurs de Kazaa?

À part fait pleurer le pauvre Wilfred et la "rockeuse" Andrée Watters (quand on pense que son disque est en nomination pour "Meilleur album rock" à l'ADISQ, on se dit que le rock québécois est vraiment atteint d'une grave maladie), je ne vois pas quels crimes ils ont commis.

À moins que la diversité musicale ne soit un crime...